X.org : les outils pour donner à notre communauté l’efficacité nécessaire dans une économie mondialisée

1996 : notre École se trouvait à mi-chemin d’une évolution majeure d’une rapidité sans précédent :

  • cinq ans auparavant en 1990 les trois quarts des élèves sortaient au service de l’État (administrations, entreprises nationalisées…). Paris était le centre nerveux de nos réseaux “en étoile” et notre École était sans conteste “La Grande École
  • mais déjà il était clair que cinq ans plus tard, au tournant du siècle, moins du quart des élèves sortiraient au service de l’État, avec une proportion de plus en plus forte entreprenant des carrières internationales (avec de surcroit l'ouverture des recrutements par des voies nouvelles aux nouveaux pays émergents : Chine, Vietnam, Brésil, roumanie, ...)

Nos réseaux essentiellement parisiens devaient donc devenir mondiaux, polycentriques, maillés et rapidement évolutifs.

Dans ce contexte notre École, vue de San Francisco ou de Pékin, devenait microscopique, invisible même. De surcroit à cette échelle notre diplôme, lui-même illisible, n’était plus reconnu (ou plutôt il était assimilé à un “bachelor”, diplome d'“engineer”, c’est-à-dire un bon DUT).

Face à ce défi, notre faible taille et notre formation nous offraient à l’inverse deux atouts majeurs :

  • nos effectifs réduits et nos traditions nous confèrent une forte culture commune (au delà d’une grande richesse dans la diversité des caractères…) ainsi qu’une confiance (base essentielle de tout réseau) et une camaraderie (symbolisée par le tutoiement entre générations) qui permettent une communication efficace entre nous et la conduite d'ambitieux projets collectifs ancrés dans la durée,
  • la formation généraliste du Polytechnicien nous amenait à embrasser des carrières très diverses mais à un haut niveau de responsabilité : tous secteurs industriels et de services, finance, recherche, administrations… et dans une économie où les relations de partenariats prenaient une importance grandissante la capacité de mise en réseau que cela nous conférait devenait un atout professionnel essentiel.

Cependant, autant nos réseaux étaient efficaces dans une organisation hexagonale hiérarchisée depuis Paris, autant ils devenaient inopérants dans un contexte de mondialisation d’une économie polycentrique (ou notre Pays était devenue une puissance moyenne)

Heureusement dans le même temps émergeait une famille de nouvelles technologies liées à l’Internet, fournissant des outils de réseau d’une redoutable efficacité, d’une grande simplicité d’usage et d’un coût extrêmement faible.

Nous avions là les moyens de redonner à la communauté polytechnicienne toute son efficacité tant sur le plan des usages professionnels que dans le domaine de la solidarité (ce qui était particulièrement important à un moment où la vie professionnelle qui devenait beaucoup plus impitoyable pour les cadres : “jeter” un cadre qui s’était dévoué à son entreprise pendant trente ans, impensable il y a seulement quelques années devenait alors pratique courante).

Au vu de cette situation un certain nombre de nos camarades animateurs de groupes X, Kessiers et jeunes camarades directement confrontés à ce challenge de l’international ont décidé de relever les défis en mettant en place :

  • d’un côté X-Internet, équipe chargée de réfléchir aux besoins effectifs des utilisateurs dans toute leur diversité: rassemblant 120 camarades de la promo 1948 à celle des élèves juste entrés à l’École, des Parisiens, des provinciaux et des camarades vivant à l’étranger, des X et des Xettes, couvrant l’ensemble des secteurs professionnels (et pour la plupart sans compétences informatiques),
  • d’un autre, l'équipe Polytechnique.org, chargée de la conception, des développements, de l’exploitation, de l’acquisition et de la maintenance du matériel, de la sécurité, de l’éthique, du maintien des applications dans la durée (en cooptant notamment chaque année depuis onze ans la “relève”)

Composée d’une vingtaine de camarades ayant de fortes compétences techniques (pour l’essentiel appartenant aux 10 dernières promotions et en particulier des élèves encore à l’École)

Contrairement aux craintes exprimées par certains, nos jeunes camarades ont su ne pas uniquement "se faire plaisir" en réalisant des prouesses techniques et en réinventant tout a chaque nouvelle relève, mais bien au contraire a se focaliser sur l'écoute des besoins. Toujours disponibles 24h/24, et 365 jours par an pour conseiller les utilisateurs et assurer une fiabilité des outils, ils ont veillé à la conception et a la documentation des programmes pour qu'ils puissent être maintenus dans la durée.

Cette équipe a consacré 28 000 heures de travail bénévole à notre communauté avec un professionnalisme, une rigueur éthique, un souci de la sécurité et une capacité d’écoute des besoins auquel nous devons je crois rendre très fortement hommage. Le fait de considérer que l’entrée dans la communauté polytechnicienne se faisait à l’entrée dans l’École et non à la sortie a été un point clé du succès.

C’est ainsi qu’au fil de ces onze dernières années ont été progressivement développés les outils nécessaires au déploiement de réseaux capables de s’affranchir des distances (ce qui ne veut pas dire bien sûr que les rencontres physiques ne sont plus nécessaires…) : des adresses devinables de rebiroutage à vie, un annuaire électronique “cherchable”, une newsletter mensuelle (qui permet en outre de tester chaque mois la validité des adresses), des newsgroups, des forums, un tableau de pilotage des groupes avec listes de diffusion, sites Web, extranet, télépaiement, …

Ainsi ont pu s'épanouir les réseaux X-Asie , X-US-Canada, X-Afrique mais aussi X-Consult, X-Biotech, X-eConfiance, X-Europe, X-Iberamerica, XMPBusiness-Angels…

Cela étant quand on pense international, il est clair que vu de Chine, d’Inde ou de Californie, il n’est pas raisonnable de penser ces réseaux uniquement au niveau de l’X : il est impératif de raisonner au niveau de l’ensemble des Très Grandes Écoles qui ont au fil des siècles forgé un modèle d’ingénieur très spécifique à notre pays mais en même temps parfaitement adapté aux défis des temps modernes car associant étroitement, après une sévère selection, une forte base scientifique et une formation générale et humaine, permet d'aborder des problèmes complexes avec une véritable aptitude managériale : rappelons que le classement des universités, a partir du nombre des patrons des "Fortune 500" qu'elles ont formé, met Paristech (et ses 11 membres) au premier rang mondial.

Chacune de nos Écoles est confrontée au même challenge avec des moyens financiers extrêmement réduits, il était donc raisonnable de mutualiser nos efforts, c’est dans cette optique que nous avons créé dès le tout début l’AEGE (Anciens ET Élèves des Grandes Écoles) : Aege.org réunit les développeurs de nos Écoles, tous les outils informatiques sont réalisés en logiciels ouverts et gratuits et peuvent ainsi être réutilisés par les autres ce qui permet de mettre nos forces en commun sur les nouveaux produits et de rendre nos réseaux “interconnectables”.

D’ores et déjà fonctionne Aege-consult réunissant les réseaux de consultants de 5 écoles, Aege-asie (14 groupes pays, 7 groupes professionnels) avec 8 écoles : nous travaillons à élargir ainsi X-UsCa, X-Afrique, X-Russie, X-IberoAmerica ainsi que les résaux "pays" d'X-Europe…

Ces réseaux internationaux sont également au service de nos Écoles, tant comme ambassadeurs que comme observateurs avancés pour aider celles-ci à évoluer pour revenir dans la compétition internationale comme des “elite universities” à l’égal des Stanford, MIT, Todai… :

L’équipe Polytechnique.org, avec le concours de nos réseaux internationaux, a ainsi réalisé le portail international Polytechnique.edu sous la direction de l’École et les adresses à vie @polytechnique.edu pour la communauté polytechnicienne élargie (X mais aussi docteurs, chercheurs et professeurs de l’École).

Enfin citons le site manageurs.com développé en étroite coopération entre X.org et l’AX, ouvert aux très Grandes Écoles et qui a pour objectif d’aider nos camarades à gérer leur carrière tout au long de leur vie : l’emploi bien entendu mais aussi la création d’entreprise, la consultance, les stages pour les élèves, les engagements dans les activités associatives.

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